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Joseph Stiglitz, pourfendeur des plans de sortie de la crise
17/08/2010 11:40
L’auteur s’est fait connaître à la fois comme prix Nobel d’économie 2001 et également comme critique radical des pratiques du FMI, qu’il a dénoncées dans son livre « La grande désillusion ». Il vient de publier « Le triomphe de la cupidité », que je vous recommande vivement.
Une analyse de la crise
Joseph Stiglitz propose une bonne synthèse, centrée sur les Etats-Unis. Pour lui, la cause est financière : « il y avait une bulle, et elle a éclaté, en apportant la dévastation dans son sillage. Cette bulle était alimentée par des prêts douteux des banques, qui acceptaient pour nantissement des actifs dont la valeur était gonflée par la bulle. Des innovations récentes ont permis aux banques de cacher une bonne partie de leurs prêts pourris, de les retirer de leur bilan, et d’accroître ainsi leur effet de levier, ce qui a rendu la bulle encore plus grosse et le chaos quand elle a éclaté encore plus grave ».
« La crise n’est pas un cataclysme qui serait ‘arrivé’ aux marchés financiers ; elle est de fabrication humaine : Wall Street se l’est lui-même infligée, à lui et au reste de la société. » Il dénonce le rôle d’Alan Greenspan, mis en place par Ronald Reagan pour favoriser une déréglementation à laquelle Paul Volcker était moins favorable. Il dénonce la course trimestrielle aux profits et la titrisation, qui permet surtout aux banques d’empocher de juteuses commissions et qui a relâché l’évaluation des prêts du fait qu’ils sont ensuite sortis des comptes.
Joseph Stiglitz décrit un monde financier mal conçu où les différentes incitations poussent tous les acteurs à adopter un mauvais comportement. Les prêts hypothécaires étaient conçus de manière à maximiser les gains des banques et la titrisation leur permettait de ne pas vraiment faire attention au risque de remboursement. Enfin, les modèles étaient mal étudiés pour prévoir les risques de risque puisque selon ceux couramment utilisés, « le type de krach boursier qui s’est produit le 19 octobre 1987 ne pouvait survenir qu’une fois toutes les 20 milliards d’années »…
L’auteur en profite pour dénoncer les excès d’un système inégalitaire puisque le revenu réel médian des ménages a baissé de près de 4% de 2000 à 2008 (alors que le prix de l’immobilier s’envolait et que le PIB par habitant a cru de 10%), preuve que seule une petite minorité en profitait. La croissance était alimentée par le crédit, les extractions hypothécaires des ménages pouvant représenter jusqu’à 7% du PIB en une année. Et cette inégalité se retrouve dans les aides aux banques alors que les ménages surendettés voient leur maison saisie : « les spéculateurs sont mieux traités que les travailleurs ».
Une critique féroce des administrations Bush et Obama
Joseph Stiglitz a la dent dure avec le précédent président, dont il rappelle toutes les déclarations infirmées par la réalité. Son analyse détaillée du TAARP (le plan de sauvetage des banques) fait froid dans le dos : 150 milliards de dollars pour acheter les votes du Congrès, les 180 milliards pour AIG. Il affirme même que les contribuables ont été « volés ». Il dénonce le fonds de rachat d’actifs toxiques, financé à 92% par l’Etat, qui en supporte les pertes mais ne recevra que 50% des profits (le reste allant au secteur privé, qui, en plus, peut se délester de ses actifs les plus pourris).
Mais il n’est guère moins dur avec Barack Obama, dont il qualifie la stratégie de « navigation à vue ». Pour lui, « il est frappant que le président Obama, qui avait fait campagne en promettant le changement auquel on peut croire, n’ait que légèrement redisposé les fauteuils sur le pont du Titanic ». Il dénonce le deux poids deux mesures d’une administration pour laquelle « les contrats des cadres supérieurs d’AIG étaient sacro-saints, mais les accords salariaux des ouvriers des entreprises automobiles qui recevaient de l’aide devaient être renégociés ».
Il souligne aussi les avantages que Goldman Sachs a tirés du sauvetage d’AIG (13 milliards de dollars) ou les milliards de bonus distribuées par des entreprises qui n’avaient pourtant dû leur survie qu’à l’aide de l’Etat. En un sens, il dénonce le gouvernement des banques, qui tirent profit de leur taille pour imposer la collectivisation de leur perte alors qu’elles conservent bien les profits. Il dénonce également les cadeaux de la Fed à l’ensemble du système bancaire. Il souligne enfin que cela correspond à la logique des plans de sauvetage du FMI, qui protègent toujours les créanciers occidentaux…
Joseph Stiglitz jette toute son autorité dans une analyse impitoyable qui montre la responsabilité des banques, qui ont engrangé d’immenses profits avant d’être sauvées par l’Etat alors que les citoyens ont triplement perdu : leur maison, la facture du TAARP et parfois leur emploi.
Source : Joseph Stiglitz, « Le triomphe de la cupidité », LLL, Les Liens qui Libèrent
Demain, Joseph Stiglitz, théoricien d’un autre système économique
Laurent PINSOLLE
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Lutte contre l’insécurité : l’esbroufe, encore et toujours !
17/08/2010 11:35
Vendredi matin dernier, un titre du Figaro a attiré mon attention : « Prison ferme pour les agresseurs des policiers » J’imagine aisément la satisfaction du lecteur : enfin de la fermeté !
Malheureusement, il suffisait de lire l’article pour comprendre qu’il n’en était rien. Les agresseurs de policiers victimes à Perpignan d’un véritable guet-apens (avec 21 jours d’interruption de travail) ont été condamnés par le Tribunal à six mois de prison, dont cinq avec sursis ! Où est donc la fermeté ?
Sachant, surtout, qu’à cause de la dernière loi pénitentiaire qui supprime l’incarcération pour les condamnations à moins de deux ans de prison fermes, l’agresseur sera tout juste sermonné et devra subir une simple peine alternative (souvent même pas exécutée).
La réalité ne correspond donc pas du tout au titre. Mais, au moment où le président de la République s’agite dans tous les sens, le Figaro a dû se sentir obligé de prêter foi à sa communication.
Le laxisme judiciaire, qui est le fruit à la fois de l’insuffisance des moyens mis à la disposition de la Justice et des lois voulues par le Gouvernement actuel, explique bien évidemment l’impunité quasi totale dont bénéficie les voyous.
Le débat de cet été a porté sur la déchéance de nationalité qui ne concernera que moins de dix cas par an mais cela a permis de ne pas parler des vrais enjeux : le manque d’effectifs dans les commissariats, les 32 000 peines annuelles jamais exécutées, les mafias d’Europe de l’Est qui profitent de la suppression des frontières, le trafic de drogue qui progresse !
Comment nos concitoyens pourraient-ils s’y retrouver alors que tout n’est qu’annonce, émotion, hyper-médiatisation, zapping permanent…
Pour fonctionner, la démocratie a besoin d’un débat public qui éclaire le choix des citoyens.
Hélas, cet été aura sans conteste marqué une étape supplémentaire dans le recul de la démocratie en France.
Pour autant, il ne faut pas se résoudre au naufrage annoncé, tout au contraire. C’est l’honneur de la politique que de s’attaquer avec sérieux aux problèmes du pays, d’exprimer haut et fort des convictions et de proposer les solutions concrètes qui en procèdent.
La tâche est certes beaucoup plus ardue aujourd’hui qu’hier, à l’heure où le pourrissement de la situation entretenu par les gouvernements successifs depuis 10 ans, produit tous ses effets délétères. Elle n’en est que plus impérieuse et urgente…
NDA
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Lutte contre l’insécurité : l’esbroufe, encore et toujours !
17/08/2010 11:35
Vendredi matin dernier, un titre du Figaro a attiré mon attention : « Prison ferme pour les agresseurs des policiers » J’imagine aisément la satisfaction du lecteur : enfin de la fermeté !
Malheureusement, il suffisait de lire l’article pour comprendre qu’il n’en était rien. Les agresseurs de policiers victimes à Perpignan d’un véritable guet-apens (avec 21 jours d’interruption de travail) ont été condamnés par le Tribunal à six mois de prison, dont cinq avec sursis ! Où est donc la fermeté ?
Sachant, surtout, qu’à cause de la dernière loi pénitentiaire qui supprime l’incarcération pour les condamnations à moins de deux ans de prison fermes, l’agresseur sera tout juste sermonné et devra subir une simple peine alternative (souvent même pas exécutée).
La réalité ne correspond donc pas du tout au titre. Mais, au moment où le président de la République s’agite dans tous les sens, le Figaro a dû se sentir obligé de prêter foi à sa communication.
Le laxisme judiciaire, qui est le fruit à la fois de l’insuffisance des moyens mis à la disposition de la Justice et des lois voulues par le Gouvernement actuel, explique bien évidemment l’impunité quasi totale dont bénéficie les voyous.
Le débat de cet été a porté sur la déchéance de nationalité qui ne concernera que moins de dix cas par an mais cela a permis de ne pas parler des vrais enjeux : le manque d’effectifs dans les commissariats, les 32 000 peines annuelles jamais exécutées, les mafias d’Europe de l’Est qui profitent de la suppression des frontières, le trafic de drogue qui progresse !
Comment nos concitoyens pourraient-ils s’y retrouver alors que tout n’est qu’annonce, émotion, hyper-médiatisation, zapping permanent…
Pour fonctionner, la démocratie a besoin d’un débat public qui éclaire le choix des citoyens.
Hélas, cet été aura sans conteste marqué une étape supplémentaire dans le recul de la démocratie en France.
Pour autant, il ne faut pas se résoudre au naufrage annoncé, tout au contraire. C’est l’honneur de la politique que de s’attaquer avec sérieux aux problèmes du pays, d’exprimer haut et fort des convictions et de proposer les solutions concrètes qui en procèdent.
La tâche est certes beaucoup plus ardue aujourd’hui qu’hier, à l’heure où le pourrissement de la situation entretenu par les gouvernements successifs depuis 10 ans, produit tous ses effets délétères. Elle n’en est que plus impérieuse et urgente…
NDA
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Insécurité : 70 % des Français lâchent Sarkozy
16/08/2010 18:42
Maurice Szafran – Marianne |
La claque est monumentale. Les deux tiers de la population, sondée par « Marianne », jugent inefficace la politique sécuritaire menée par Nicolas Sarkozy depuis huit ans, au ministère de l’intérieur puis à la tête de l’Etat. Sondage exclusif Marianne /CSA.

A Grenoble, le 30 juillet dernier, Nicolas Sarkozy, au plus mal dans les sondages, a lancé une vaste opération de reconquête de l’opinion publique. Insécurité et délinquance, nationalité et dénaturalisation, immigration et voyoucratie, responsabilité pénale et donc punition des parents de mineurs ayant mal tourné… En s’emparant une nouvelle fois, une énième fois, de ces sujets qu’il estime au cœur des préoccupations des Français, en feignant d’ignorer avec un aplomb formidable que, depuis 2002, depuis huit ans déjà, ministre de l’Intérieur, puis chef de l’Etat, il est en charge de ces dossiers, le président était convaincu de reprendre sans difficulté la main. Il en était d’autant plus persuadé qu’il sait la gauche mal à l’aise dès lors qu’il évoque la répression et que, par le passé, il a su jouer avec habileté de cette névrose des socialistes. A Grenoble, Nicolas Sarkozy a donc cogné. Comme un sourd. Au point de faire un scandale. Dans son esprit, le coup ne pouvait être que gagnant, forcément. Quelques jours plus tard, le 6 août, un sondage réalisé par l’Ifop pour le Figaro semblait confirmer l’intuition du président. « Sécurité : les Français plébiscitent les projets du gouvernement, s’enthousiasmait le quotidien de droite. De gauche comme de droite, ils approuvent largement les mesures annoncées. Les annonces de la majorité plébiscitées ! » Enfin une victoire, une vraie ! Notre confrère Yves Thréard pouvait titrer – non sans emphase – son éditorial : « Les Français en symbiose. » En symbiose avec qui ? Avec Nicolas Sarkozy. Cela n’était plus arrivé depuis fort longtemps. Nous avons donc voulu vérifier à notre tour, à tête reposée, les positions des Français. Nous avions en effet trouvé étrange que l’Ifop pour le Figaro estime inutile d’interroger les Français sur le bilan Sarkozy en matière d’insécurité. L’Ifop pour le Figaro redoutait-il à ce point un jugement ? Craignait-il tant de déplaire au vacancier du Cap-Nègre ? Le sondage CSA pour Marianne, réalisé dans les règles de l’art, dément et infirme la quasi-totalité des chiffres et des conclusions de l’étude Ifop pour le Figaro. Voilà qui ne va pas manquer d’intéresser le président de la République, voire de compliquer sa réflexion : construire son rebond, et une éventuelle campagne électorale en 2012, sur l’insécurité, la délinquance, la nationalité et l’immigration, est-ce finalement une stratégie si pertinente que cela ?
1) La condamnation du bilan

Une grande majorité de Français sont convaincus que les insécurités et les incivilités ne cessent de s’accroître : 69 % d’entre eux (contre 27 %) estiment désormais – voilà le principal enseignement de cette étude d’opinion – que l’ex-ministre de l’Intérieur Sarkozy et que l’actuel président de la République Sarkozy sont directement responsables de cette dégradation puisqu’en charge de ces dossiers, aux plus hauts niveaux de l’Etat, depuis huit ans déjà. Un long bail qui, selon les Français, aurait dû aboutir à des résultats et à des améliorations. Plus préoccupant encore pour le chef de l’Etat, 53 % des électeurs de droite, ses propres électeurs, et il ne peut en égarer aucun d’ici à 2012 sinon la défaite est assurée, ceux-là estiment eux aussi qu’il se retrouve en situation d’échec. Il est ensuite utile d’entrer dans les sous-bilans du bilan pour découvrir à quel point les Français sont sévères, impitoyables même. La lutte contre les violences urbaines ? Soixante-dix-huit pour cent la jugent inefficace. La lutte contre la délinquance financière ? Inefficace toujours, pour 72 % de la population. La lutte contre les atteintes aux personnes ? Inefficace encore, pour 69 %. La lutte contre les atteintes aux biens ? Une petite amélioration, enfin : 58 %.
2) Une victoire idéologique de la gauche
Pourquoi la délinquance flambe-t-elle ? Pourquoi Nicolas Sarkozy, comme ses prédécesseurs Place Beauvau et à l’Elysée, a-t-il été incapable de la juguler ? Dans ce sondage CSA pour Marianne, les Français s’inscrivent imperturbablement dans la philosophie de… 1789 : 73 % d’entre eux sont en effet convaincus que les inégalités sociales restent la cause fondamentale de la délinquance et de l’incapacité chronique des responsables politiques à la réduire. Mieux : 68 % (!) des électeurs de droite partagent cette conviction. Voilà qui infirme formellement le choix du tout sécuritaire accompagné d’une politique économique teintée de libéralisme, ultra ou non. Un autre chiffre réjouira la gauche et, plus particulièrement, les grands maires socialistes : 68 % des sondés – et, convenons-en, ce n’est pas une surprise, même pour Nicolas Sarkozy – estiment que la suppression de la police de proximité, cette police de proximité que Jean-Pierre Chevènement et Michel Rocard défendent aujourd’hui encore avec tant d’acharnement, était une erreur majeure aux conséquences funestes.

3) Le lien immigration-délinquance

Voilà le seul sujet où les chiffres, où les pourcentages se rapprochent et se resserrent. Quasi-égalité entre les deux convictions : si 49 % des Français considèrent qu’il n’y a pas et qu’il ne faut tisser aucun lien direct entre immigration, délinquance et insécurité, 47 % estiment l’inverse. En réalité, ces résultats indiquent le seul véritable clivage droite-gauche. Cela devrait pousser Nicolas Sarkozy à poursuivre en ce sens, à enfoncer le clou de l’immigration et de ses dangers. Il va en revanche de soi pour 75 % de la population que « les Français d’origine étrangère sont des Français à part entière ». Dans notre esprit, ces pourcentages écrasants ne faisaient aucun doute. Il n’en est pas moins utile de les confirmer.
4) Français pour toujours ?

C’est en suggérant de retirer la nationalité française « à une personne d’origine étrangère ayant volontairement porté atteinte à la vie d’un policier, d’un gendarme ou toute autre personne dépositaire de l’autorité publique » que Nicolas Sarkozy a provoqué le scandale. C’était d’ailleurs l’objectif ardemment recherché. Reconnaissons que, sur ce point relié à celui de l’immigration, le résultat du sondage CSA pour Marianne est pour le moins nuancé : si 51 % des sondés s’opposent à la dénaturalisation car, dans leur esprit, « tous les Français doivent être égaux devant la loi quelle que soit leur origine », 46 % d’entre eux – et 69 % à droite – approuvent la démarche du chef de l’Etat, cette démarche qualifiée de « pétainiste » par de nombreux intellectuels et responsables politiques de gauche. Nicolas Sarkozy cherche à cliver. Cette fois, il faut considérer qu’il a réussi. Enfin, la question clin d’œil, quoique fort sérieuse car posant un véritable débat de moralité publique et personnelle : les Français qui s’exilent pour ne pas payer d’impôts en France méritent-ils la nationalité française ? Non, affirment 66 % des sondés, à égalité quasi parfaite entre gauche (66 %) et droite (64 %). Et dire que certains veulent nous faire croire que les Français sont hérissés dès que l’on évoque l’impôt…


Sondage exclusif CSA-Marianne réalisé par téléphone le 11 août 2010 au domicile des personnes interrogées. Echantillon national représentatif de 1 021 personnes âgées de 18 ans et plus, constitué d’après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de ménage), après stratification par région et catégorie d’agglomération. (Tous les sondages publiés par CSA sont disponibles sur le site : http://www.csa.eu)
Vous pouvez télécharger le sondage dans son intégralité ci-dessous :
sondage CSA Marianne.doc (160.5 Ko)
http://www.gaullisme.fr/?p=8905
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Eric Woerth : encore une Légion d’honneur suspecte
16/08/2010 18:26
Après la Légion d’honneur remise par Eric Woerth à Patrice de Maistre (employeur de sa femme et gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt), Mediapart est tombé sur une autre décoration accordée par le ministre qui exhale le conflit d’intérêts. Le 13 juillet 2008, en effet, un expert-comptable inconnu du grand public, Bernard Godet, a été nommé officier de la Légion d’honneur sur le contingent d’Eric Woerth (alors ministre du budget). Le décret paru au Journal officiel déclinait sobrement ses titres: «35 ans d’activités professionnelles et de services militaires»… Deux mois plus tôt, Bernard Godet avait surtout visé les comptes de campagne du ministre, candidat victorieux aux municipales de Chantilly dans l’Oise, avant que ces derniers ne soient remis à la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
Plus gênant encore: Bernard Godet est l’homme qui a certifié les comptes 2008 du micro-parti du ministre – déjà dévoilés par Mediapart. Fin juin, il était apparu que cette formation politique «maison», créée dans l’Oise en toute discrétion et baptisée «association de soutien à l’action d’Eric Woerth», avait bénéficié de la générosité de Liliane Bettencourt (qui lui aurait signé un chèque de 7.500 euros en 2010, selon l’entourage du gestionnaire de fortune de la milliardaire). Légale sur le papier, cette structure contribue comme tous les autres «partis de poche» à «détourner» l’esprit de la loi sur le financement de la vie politique – pour reprendre le mot du président de la CNCCFP, autorité administrative indépendante…
Interrogé sur les raisons pour lesquelles il a souhaité récompenser Bernard Godet, Eric Woerth n’a pas répondu à nos questions. L’heureux bénéficiaire, sollicité par l’intermédiaire de son cabinet parisien, n’a pas non plus retourné nos appels. Les interrogations soulevées par l’attribution de cette Légion d’honneur sont pourtant multiples.
Premièrement, Bernard Godet a-t-il pu, en 2009, quelques mois après avoir reçu la Légion d’honneur, se plonger dans les comptes 2008 du parti de poche du ministre et les certifier (c’est-à-dire évaluer leur sincérité et leur régularité) en toute indépendance? Avait-il l’absolue liberté de dénoncer d’éventuelles tricheries?
Le code de déontologie des commissaires aux comptes, dans son article consacré aux conflits d’intérêts, précise que «le commissaire aux comptes évite de se placer dans une situation qui compromettrait son indépendance à l’égard de la personne ou de l’entité dont il est appelé à certifier les comptes, ou qui pourrait être perçue comme de nature à compromettre l’exercice impartial de cette mission». En clair, la seule apparence d’un mélange des genres pose déjà problème.
16.450 euros de frais de réception
Au passage, on peut se demander si Bernard Godet a aussi certifié les comptes 2009 de «l’association de soutien» à Eric Woerth. Ces derniers n’ayant pas encore été rendus publics, nous avons posé la question au trésorier du micro-parti, Patrick Wallut. «Je ne pourrais vous dire», s’est-il contenté de nous répondre. Quant à la Légion d’honneur, il a déclaré l’ignorer jusque-là.
L’enjeu de la certification des comptes est d’autant plus net que l’activité du parti de poche d’Eric Woerth paraît floue. En 2008, les recettes avaient atteint 86.000 euros environ, soit 19.500 euros de dons de personnes physiques et 66.500 euros de subventions allouées par le trésorier de l’UMP (Eric Woerth en personne….). Du côté des dépenses, on notait bien 16.450 euros de «frais de réception» ou 10.190 euros de «locations immobilières» (pour une structure minimaliste sans salariés ni adhérents!), mais on saisissait mal la destination de tout l’argent amassé. Malgré nos multiples relances, le ministre n’a jamais livré d’explication sur les activités de cette «association»… Bizarrement, pas un centime n’a été lâché dans la campagne municipale de 2008 – le micro-parti n’a guère accordé qu’un prêt de 1.300 euros à son champion, contraint d’aller emprunter 6.500 euros à la banque… «Quoi qu’il en soit, la Commission nationale a jugé que la signature de ce M. Godet était valable et elle a validé les comptes!», tient à souligner Patrick Wallut, le trésorier.
Une autre question se pose: cette mission remplie par Bernard Godet en tant que commissaire aux comptes était-elle compatible, sur un plan éthique, avec d’autres prestations vendues à Eric Woerth, cette fois en tant qu’expert-comptable?
Bernard Godet a en effet été payé 1.500 euros en 2008 pour «présenter» le compte de campagne d’Eric Woerth aux municipales de Chantilly, ainsi que 500 euros pour celui des législatives de 2007. Son rôle, juridiquement, se limitait alors à la compilation des factures et des justificatifs de recettes, sans véritable dimension d’audit ni de contrôle. Sur une campagne électorale, un expert-comptable n’est recruté, en fait, que pour mettre en forme le bilan financier, avant transmission à la CNCCFP.
Pourquoi Eric Woerth a-t-il confié, au fil des ans, toutes ces missions de nature différente à un seul homme? Pourquoi avoir fidélisé Bernard Godet? L’avoir gratifié de la Légion d’honneur entre deux prestations?
Interrogé par Mediapart, le Haut conseil du commissariat aux comptes, organe de contrôle de la profession (institué auprès du garde des Sceaux), n’a pu livrer aucun commentaire sur la situation de Bernard Godet. En l’absence de saisine en bonne et due forme, aucun de ses membres n’est habilité à juger du respect – ou non – du code de déontologie…
Par Mathilde Mathieu et Michaël Hajdenberg
http://www.gaullisme.fr/?p=8917
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